Comment créer l’effet SURPRISE! en publicité…

Imaginez quelques secondes que vous avez organisé une fête “surprise”, deux jours avant le 40ième anniversaire de votre tendre moitié. Depuis quelques semaines, vous avez invité tous les membres de votre famille, ses amis et collègues de travail à son insu. Une tâche difficile à réaliser, mais vous y êtes parvenu à coups de gentils mensonges et de subterfuges pour ne pas mettre la puce à l’oreille de votre conjoint ou conjointe. La surprise sera grandiose! Rien n’a été laissé au hasard… Sauf que…

Le matin de l’événement, vous lui demandez d’aller faire plusieurs emplettes à l’épicerie, le temps que vous installiez les décorations et que vos invités s’entassent sur la terrasse arrière avec le champagne et les ballons. Mais, vous faites l’erreur de lui laisser plusieurs indices en chemin…

  • Vous laissez des factures de l’achat des ballons et chapeaux de fête dans sa voiture;
  • Vous lui demandez d’aller chercher un gâteau chez le pâtissier. Un gâteau avec l’écriture: “Bonne fête 40 ans!!!”;
  • Au coin de votre rue, vous attachez des ballons “40 ans” multicolores au poteau de téléphone et une grosse affiche “Surprise Party 40 ans” avec une flèche rouge qu’il ou qu’elle remarquera à son retour;
  • Et finalement, votre stationnement et la rue en face de votre maison sont bondés des voitures de vos invités…

Vous aurez deviné que cette fête “surprise” n’en serait pas une… L’effet tant attendu quand on ouvre la porte et tout le monde crie: “SURPRISE!” n’aura pas le même impact. La balloune aura dégonflé rapidement…

C’est le même principe lorsqu’on crée une caricature éditoriale, une illustration humoristique, une publicité, un roman ou une série télé. Pour rendre votre récit le plus efficace possible, vous avez comme mission de surprendre votre auditoire, vos lecteurs ou clients. Vous vous devez de créer l’effet “SURPRISE!” et ne pas laisser d’indices de ce que vous vous apprêtez à divulguer. On peut laisser des indices, mais des indices qui mènent à des fausses pistes.

Comment on y arrive? Voici quelques lignes à respecter pour bien construire l’effet « SURPRISE! » dans l’écriture d’un gag ou d’une publicité:

  • Utilisez le moins de mots possibles ou des bulles de conversation disparates dans l’image (une image sans mot est toujours plus efficace et à une saveur universelle!);
  • N’ajoutez pas d’accessoires supplémentaires à l’image (pas trop charger l’image);
  • Privilégiez un gag à la fois;
  • Comme l’oeil humain lit de gauche à droite et pour la lecture d’une image, du coin en haut à gauche vers le coin en bas à droite, il faut, pour créer l’effet surprise, que votre “punch” ou la “chute” de votre publicité se trouve en bas à droite de l’image.

Évidemment, ça paraît si simple à faire mais il faut vraiment respecter ces quelques principes si on ne veut pas que son lecteur soit perdu dans un flot d’informations et d’images.

L’effet “SURPRISE!”, comme lors d’un anniversaire, se doit de garder le plus longtemps possible le suspense dans le récit. Et si on utilise le mode “Rieur aveugle” ou le “Renversement” à la fin d’une situation, l’effet “SURPRISE!” est accentué fois mille!

Le “Rieur aveugle” et le “Renversement” sont des procédés humoristiques* simples et les plus communément utilisés par les humoristes, auteurs et publicitaires.

RIEUR AVEUGLE

Dans le cas d’un “Rieur aveugle”, on tait volontairement un élément important dans une situation pour ensuite le révéler à la toute fin pour surprendre notre auditoire. Comme dans l’exemple de la BD de Sempé qui suit: on voit un petit enfant faire des grimaces devant ce qu’on devine être un miroir… Le punch est inattendu et hilarant! Dans cet exemple, Sempé utilise le procédé humoristique du “Rieur aveugle”. Il nous cache tout le long du récit la véritable identité du supposé miroir…

BD Sempé.

 

Ou comme dans le gag de RBO où une femme appelle au poste de police:

– “Police! Mon mari, me maltraite!”

Le policier répond: “J’t’ai dit de pas m’appeler à job, Pierrette!”.

RENVERSEMENT

Dans le cas du procédé “Renversement”, il s’agit d’amener son lecteur ou son auditoire dans une direction X et à la toute fin du message ou de notre histoire, BANG!, revirement de situation! On ne s’attendait pas à cette fin! La conclusion que nous avions imaginée n’a pas lieu et nous sommes secoués par la finale.

Un des derniers exemples que plusieurs téléspectateurs ont vu récemment dans la série District 31, à Radio-Canada, est la mort en direct du méchant Christian Phaneuf. Tous sans exception, assis sur le bout du divan dans notre salon, nous pensions que la gang à Phaneuf venait libérer leur chef dans le fourgon cellulaire… Et BANG!, renversement! Dans la voiture des trois personnes qui avaient descendu Phaneuf, les tueurs enlevèrent, un après l’autre leur cagoule… 1. Un policier qui faisait de l’infiltration, 2. un ex-policier pas trop de confiance et 3. celui qui avait achevé Phaneuf d’une balle dans la tête: Le chef de police de la série joué par Gildor Roy!!! Ça c’est toute une finale! Dans le déroulement et le découpage de cette dernière scène, l’art de la “SURPRISE!” est maîtrisé à la perfection. Luc Dionne, l’auteur de la série, nous aurait présenté les trois tueurs non cagoulés dès le départ et l’effet n’aurait pas eu le même impact…

 

Crédit photo: Emmanuel Auger

 

En publicité et en humour, c’est la même chose. Il faut « flabergaster » notre auditoire! Renverser la situation ou cacher un élément dans le récit pour les surprendre. Un message qui fait rire aux éclats est toujours plus efficace et va faire en sorte que l’auditoire ou le lecteur va s’en souvenir longtemps. Et là, vous aurez réussi votre mission: Créer une émotion chez votre public!

*Source: Luc Boily, École nationale de l’humour, Écritures humoristiques; Genres et procédés 1.

 

Marc Beaudet

Beaudetoon Studios inc.

Drôlement Différent

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